Laure
2 nov. 2020La surdité professionnelle est une baisse de l'audition irréversible qui survient à la suite d'une exposition à un traumatisme sonore chronique dans le cadre du travail.
Cette affection a longtemps été la maladie professionnelle la plus fréquente, avant que les troubles musculosquelettiques et les maladies liées à l’amiante ne passent en tête.
Une enquête menée par la médecine du travail révèle que plus de 27 % des salariés sont exposés à des bruits excessifs. A partir de ce niveau, les employeurs doivent mettre à la disposition de leurs équipes des protections anti-bruit.
Avec l’âge s’installe la presbyacousie. Il n’est donc pas toujours facile de savoir quelle part de la dégradation de l’audition est liée cela et quelle part est liée à une exposition professionnelle.
Dans la presbyacousie, on identifie une perte auditive sur les graves, que l’on ne retrouve pas dans la surdité professionnelle.
Par ailleurs, cette dernière donne une courbe audiométrique en forme de cuillère avec une encoche marquée sur les fréquences aigues alors que les autres atteintes auditives donnent une courbe audiométrique plate.
Les facteurs de la surdité professionnelle
-La durée de l’exposition
-L’âge
-Les antécédents du sujet
-Le lieu de l’exposition
-Les caractéristiques du bruit : intensité, bruit impulsionnel, spectre
Autre facteur, les substances ototoxiques comme les solvants, les gaz asphyxiants, les métaux lourds ou certains pesticides. Ces produits sont des poisons pour les cellules ciliées de l’oreille interne, rendues plus fragiles et vulnérables face au bruit.
Une baisse de performance auditive progressive
Initialement, le travailleur ne remarque rien. La phase de latence peut durer plusieurs mois à plusieurs années. Puis l'individu commence progressivement à ne plus entendre certains sons, surtout s'ils sont aigus.
Cependant, en l'absence de la source du bruit, il retrouve son audition. Ce sont ses proches qui s'aperçoivent du changement : le volume de la télévision est de plus en plus élevé, le conjoint est fatigué de devoir répéter sans arrêt.
De légers troubles, comme que des sifflements et la sensation d'avoir les oreilles bouchées, peuvent survenir. Au stade suivant la surdité est avérée.
L’évolution de la surdité professionnelle est bien caractéristique, puisque la perte est très rapide au départ, puis l’audition ne se dégrade que d’un décibel par an. Cependant la surdité chute brutalement après 55 ans, en raison de la presbyacousie qui dégrade à son tour l’audition.
Une altération irrémédiable des cellules ciliées
Le bruit des machines telles que les marteaux-piqueurs, les tronçonneuses, les presses rotatives, les métiers à tisser, les scies circulaires ou encore les forges, excède bien souvent le seuil de fatigue auditive (75 dB) ou celui de dangerosité pour l’oreille (85 dB). Cette nuisance sonore peut entraîner une altération des cellules ciliées de l’oreille interne, et donc une diminution de l’acuité auditive.
Les cellules de la cochlée jouent donc un rôle essentiel dans les mécanismes auditifs. Leur perte est irrémédiable : une fois détruites, la perception des fréquences auxquelles elles sont associées est définitivement altérée.
La surdité, une maladie professionnelle
Lorsque la baisse auditive atteint 100 dB, le travailleur devient un handicapé sensoriel et professionnel. Le trouble occasionné pour communiquer ou recevoir des informations, par exemple en cas de danger, peut être à l'origine d'accidents de travail. En cas de surdité liée au travail, les deux oreilles sont touchées avec la même intensité. Le handicap est irrémédiable, même s'il ne progresse plus une fois qu'il n'y a plus d'exposition au bruit.
La surdité est la maladie professionnelle la plus onéreuse. Elle représente actuellement près 33 % des rentes versées par la Sécurité Sociale pour la réparation de l'ensemble des maladies professionnelles.
Les conséquences psychologiques de ces surdités acquises ne doit pas non plus être négligé, surtout lorsqu’elles touchent de jeunes salariés.
Limiter l’impact du bruit sur les travailleurs
Les employeurs sont légalement tenus de protéger leurs salariés contre les risques liés au bruit : en insonorisant les locaux, en entretenant les machines ou encore en prévoyant leur encoffrement. L’automatisation de certaines tâches permet également d’éloigner d’améliorer les conditions de travail. Le port d’EPI (équipements de protection individuelle) est nécessaire :
-bouchons d’oreille
-casques passifs (qui réduisent le bruit)
-casques actifs (qui produisent des bruits en opposition de phase destinés à annuler le bruit ambiant)
-ou encore protections auditives dotées d’électroniques restituant certains sons environnants (permettant de communiquer).
Les politiques de prévention ont été efficaces. En effet, les ateliers sont aujourd’hui mieux insonorisés, les outillages moins bruyants et surtout le port des EPI qui restait encore très peu répandu il y a encore 20 ans s’est largement développé.
L’audioprothésiste : un rôle de prévention au quotidien
Peu d’entreprises pensent spontanément à ce type d’intervention. L’objectif de ces interventions n’est pas de vendre de l’appareillage mais vraiment de faire de la prévention. Il vaut mieux intervenir tôt, avec de la prévention, puis éventuellement un appareillage dès le début de la presbyacousie, plutôt que de devoir faire face à un travail beaucoup plus complexe des années plus tard, avec moins de plasticité cérébrale et une incorporation plus difficile des appareils dans les schémas corporels et psychiques. Une démarche qui devrait également convaincre les entreprises, soumises à l’obligation de mettre en place des plans de prévention santé et sécurité pour leurs salariés.