Les sons compressés qui entourent notre quotidien ont-ils un impact sur notre audition ?

Camille
Camille
8 févr. 2022

Dernièrement, le chanteur et musicien Thomas Dutronc mettait en garde contre ce mal peu connu. Le son compressé se révèle être néfaste pour notre santé auditive. Récurrent et de plus en plus présent, le son compressé ne semble pourtant pas bien connu. Le musicien a donné récemment un concert pour alerter sur les dangers de ce phénomène fréquent ces dernières années.

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un son compressé ?

Ils sont partout autour de nous, omniprésents, mais pourtant si mal connus ! Les sons compressés font partie de notre quotidien. Le son compressé est un son retravaillé pour gommer les silences naturels. Les sons forts et les sons faibles sont modifiés. La musique est aujourd’hui constamment traitée. Les contrastes sont atténués. Le contenu est plus dense. Le son ne désemplit plus. La musique forme un seul et même bloc dénué de micro-silences.

Un son omniprésent

À la maison, au travail, dans la voiture, au supermarché, devant son ordinateur, au café, en discothèque ou lorsqu’on allume notre télé, le son compressé est bien partout ! Partout et tout le temps, le son compressé a pris une place immense dans nos vies ces dernières années.

La musique compressée est fortement utilisée aujourd’hui. Elle se retrouve à la radio, à la télévision, en concert ou même dans les contenus écoutés et regardés en streaming. Le son compressé est aussi utilisé lors de visio-conférence ou lorsqu’on passe simplement un appel depuis son téléphone.

Sous prétexte d’une meilleure qualité, d’un rendu plus « pur », d’un son au-dessus du bruit ambiant, les écarts entre sons faibles et sons forts sont gommés. Afin de toujours être entendus même dans les lieux les plus bruyants, les sons faibles ont été transformés en sons forts. La technique, mise au point dans les années 1960, est aujourd’hui utilisée de manière automatique pour rendre un fichier sonore plus lisible.

Une fatigue réelle pour nos oreilles

Face aux sons compressés, notre audition fatigue. Aucun repos ne lui est octroyé ! Jamais. Aujourd’hui le silence n’est plus. C’est une équipe de chercheurs de l’INSERM et de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand qui a mené des recherches approfondies sur la question.

Des tests sur des cochons d’Inde ont mis en évidence que l’ouïe était constamment sollicitée lors du passage d’un morceau compressé. Ces animaux ont été choisis car leur système auditif est proche de celui des humains. Toutes les bandes de fréquence sont saturées. Les oreilles n’ont donc aucun repos, elles sont exposées en continu et ne connaissent aucune pause ou micro-pause pour récupérer.

À l’exposition du moindre bruit, du moindre son, l’oreille travaille intensément. Les vibrations des osselets entraînées par le tympan sont transmises à la cochlée. Dans la cochlée se trouve l’organe de Corti. Celui-ci parvient à transformer les fréquences transmises en message nerveux pour l’envoyer à notre cerveau. L’organe de Corti, avec les cellules ciliées, travaille intensément toute notre vie pour que nous puissions bien entendre tous les bruits autour de nous. Avec le temps, l’organe de Corti montre des signes de vieillesse et de fatigue. L’audition est alors moins bonne. Une stimulation trop intense et maintenue entraîne une fatigue sonore profonde de l’oreille interne et ainsi l’endommage.

Des risques bien réels

Avec cette exposition continue et cette stimulation acharnée, l’oreille est sursollicitée. La compression du son entraîne donc une certaine fatigue. La sensibilité auditive est directement atteinte. Les acouphènes peuvent être des conséquences directes de l’omniprésence des sons compressés.

Les chercheurs de Clermont-Ferrand ont constaté que les cochons d’Inde ayant écouté du son compressé connaissaient, par la suite, une fatigue auditive. Malmenée, harcelée, agressée, l’audition est comme asphyxiée par le son compressé. Sous l’effort, quel qu’il soit, notre corps a besoin de récupérer, il en va de même pour notre audition.

Dans le cadre de la semaine du son (la 19e édition a eu lieu du 17 au 30 janvier 2022), il était important de rappeler l’important impact du son compressé sur notre santé. Aujourd’hui, des pistes sont étudiées pour éviter le son compressé et redonner à nos oreilles un peu de repos, un peu de silence. Un label qualité sonore est à l’étude pour avertir le public des conséquences et des dangers d’une écoute prolongée d’une musique transformée et modifiée. Pour notre santé auditive, il est important de prendre conscience de ces risques. Il est aujourd’hui plus que nécessaire de prendre soin de ses oreilles et de sa santé en ayant une consommation de la musique raisonnée et intelligente.

Personne n’est donc épargné par le son compressé. Pensez à reposer votre audition. C’est essentiel pour ne pas accélérer son vieillissement. Prenez soin de votre oreille interne en faisant des pauses. Alternez un moment d’exposition et un de retour au calme. La récupération est essentielle pour vos oreilles.

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