Camille
12 mai 2023Mis en place en 2014, ce programme national de santé auditive est de première importance. Le dépistage universel de la surdité permanente bilatérale néonatale (SPBN) développé en France a pour but de mieux prendre en charge l’audition des patients dès leur plus jeune âge.
Le bilan est-il positif ? Comment le programme est-il mis en place exactement ? Quels sont les professionnels concernés (audioprothésistes, médecins, ORL) ? Vous vous posez différentes questions sur ce dispositif ? Mon Centre Auditif fait aujourd’hui une synthèse de ce dépistage universel de la surdité permanente bilatérale néonatale.
Un dépistage universel de surdité, pourquoi ?
Le dépistage universel de la surdité a été pensé et mis en place pour que les enfants atteints par ce trouble soient le plus tôt possible pris en charge. Il était essentiel que le très jeune public, soit plus vite diagnostiqué. En effet, la déficience auditive est l’un des troubles congénitaux les plus répandus.
Ce programme national de santé auditive vise ainsi particulièrement les jeunes enfants, le nouveau-né. Ce dépistage a donc pour objectif de repérer les enfants de manière précoce afin de leur proposer un suivi adapté et surtout des solutions concrètes1.
La surdité permanente bilatérale néonatale touche 1 enfant sur 1000. Autrement dit, le SPBN est le déficit sensoriel congénital le plus fréquent avec 800 à 1000 nouveau-nés touchés tous les ans. Un diagnostic tardif a des conséquences importantes sur le développement de l’enfant, notamment dans sa manière de communiquer et de parler. Avec une prise en charge tôt, l’enfant aura les outils suffisants pour développer son langage et mieux comprendre le monde qui l’entoure.
En quoi consiste le dépistage universel ?
Le dépistage universel de la surdité se déroule en deux phases :
- La première phase du dépistage universel se réalise à la maternité, à la naissance de l’enfant. L’audition du nouveau-né est testée avec un test appelé T1, puis à nouveau testée avec un nouveau test T2. Si, à la suite de ces deux premiers tests, le professionnel de santé n’obtient de résultats assez clairs, un troisième test, le T3, est mené à la sortie de la maternité.
- La deuxième phase du dépistage universel se réalise si les premiers tests menés à la maternité révèlent une déficience auditive. Cette seconde phase du dépistage peut se réaliser dans un établissement de santé, en cabinet privé ou dans des établissements spécialisés.
Le médecin mène alors un diagnostic approfondi et révèle, aussi et surtout, la sévérité de la surdité :
- surdité légère, la perte tonale est comprise entre 21 et 40 dB,
- surdité moyenne, la perte tonale est comprise entre 41 et 70 dB,
- surdité sévère, la perte tonale est comprise entre 71 et 90 dB,
- surdité profonde, la perte tonale est comprise entre 91 et 119 dB,
- surdité totale, la perte tonale est alors supérieure à 120 dB. L’enfant ne perçoit aucun son.
Quels sont les premiers résultats ?
Après plusieurs années d’application, Santé publique France a mené une étude en 2019. Ce rapport évalue le déploiement du dépistage, son application en France dans les diverses régions après deux années de fonctionnement.
Première remarque intéressante, on observe une nette baisse du taux de nouveau-nés suspectés de SPBN entre le T2 et le T3. En effet, le taux passe de 1,43% à 0,9%.
Le rapport souligne d’autres chiffres dont les différentes répartitions de surdités (graves, moyennes ou profondes). Ainsi en 2016, les nouveau-nés testés qui présentaient une surdité bilatérale étaient :
- 57% à connaître une surdité moyenne,
- 17% à avoir une surdité sévère,
- et 27% à souffrir d’une surdité profonde.
Le rapport de Santé publique France conclut encore que ce programme de dépistage révèle des chiffres comparables à l’échelle internationale. Aussi le test T3 se révèle très utile et désengorge les établissements. Le bilan après deux ans d’expérimentation est ainsi plutôt positif.
Quelle est la suite pour les nouveau-nés testés ?
Lorsque le dépistage de la surdité révèle un déficit avéré, la prise en charge est immédiate. Il est important que l’enfant sourd ainsi que sa famille soient accompagnés. La HAS (Haute Autorité de Santé) recommande une prise en charge idéale avant l’âge d’un an.
Médecins spécialistes, établissements spécialisés (Camps), associations se révèlent alors indispensables dans le parcours de soin et de santé. Selon la sévérité de la surdité, mais aussi le choix de la famille, la réhabilitation auditive par la pose d’implants (électroniques ou électro-acoustiques) est le plus souvent choisi. La pose de solutions auditives adaptées peut-être réalisée à partir de l’âge de 6 mois.
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